- Livre : Les Collines d'eucalyptus
- Auteur : DUONG Thu Huong
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- Revue de presse
ELLE, Pascale Frey, vendredi 17 janvier 2014
« Coup de cœur : Voyage au bout du mystère »
« Elle avait séduit les lectrices de Elle qui lui avaient décerné leur Grand Prix pour Terre des oublis en 2007. On arpente ses Collines d’eucalyptus, roman fleuve de presque 800 pages, sans voir le temps passer.
À l’origine, il y a une histoire vraie. La disparition au Vietnam, en 1987, d’un jeune homme charmant, adoré de ses proches, promis à un brillant avenir. Ses parents appellent au secours leur cousine Duong Thu Huong : elle connaît des politiciens et des policiers qui pourraient les aider. Mais les recherches n’aboutissent pas, l’adolescent de 16 ans ne réapparaîtra jamais. Entre-temps, cette scénariste et réalisatrice de films est devenue romancière, a publié des best-sellers, s’est mise à militer contre le régime, a fait de la prison, puis s’est exilée en France, en 2006, où elle publie désormais des livres qui sont interdits chez elle.
Si Huong a échoué dans sa mission, elle n’a en revanche pas oublié ce drame auquel elle a consacré un diptyque. Dans Sanctuaire du cœur, paru en 2011, le héros fuyait un amour incestueux avec sa sœur adoptive et devenait gigolo. Dans Les Collines d’eucalyptus, un récit absolument magistral (et qui se lit de manière indépendante du précédent), il s’échappe parce qu’il n’ose pas avouer son homosexualité à ses parents. Une de ces deux hypothèses est-elle la bonne ? On l’ignore, et peu importe. Duong Thu Huong a gardé dans son cœur ce Vietnam où elle a vécu près de soixante ans et nous raconte ce pays plein de bruits, d’odeurs et de sensations. On s’attache à son héros Thanh, qui se trouve derrière les barreaux. Pourquoi a-t-il été emprisonné ? On découvrira son coup de foudre pour un mauvais garçon, l’amour passionné pour sa mère, dont il va dévaster la vie en pensant l’épargner. On déambule dans ce roman comme on le ferait dans une contrée inconnue, sur les pas d’un guide merveilleux qui s’appelle Duong Thu Huong. »