- Livre : L'Autre Joseph
- Auteur : Kéthévane DAVRICHEWY
- Revue de presse
WWW.ONLALU.COM, Pascale Frey, samedi 2 janvier 2016
« 2 minutes »
« Le nouveau roman de Kéthévane Davrichewy commence en Géorgie au XIXe siècle. Jusque-là rien de bien étonnant, puisque sa famille vient de là-bas, on le sait depuis son deuxième roman, La Mer Noire. Mais, cette fois, elle a décidé de se concentrer sur son arrière-grand-père paternel, Joseph. Et là, elle a trouvé un sujet à faire pâlir d’envie tous les écrivains de la rentrée : Joseph, avec toute une bande de copains et, parmi ces copains, un un peu plus grand que les autres, un peu plus énervant aussi, qui s’appelait Joseph Staline.
Les deux Joseph ont grandi ensemble, il est même possible voire probable qu’ils aient été demi-frères – la mère de Staline travaillait chez les Davrichewy, et les deux garçons se ressemblaient de manière troublante.
Et puis ils ont préparé la première révolution du Caucase en 1905, comme d’autres ados jouent aux billes, révolution qui a été étouffée par le tsar… Staline a été expédié en Sibérie, d’où il réussira à s’évader, et Joseph, lui, a émigré en Suisse, puis en France. À partir de là, leurs destons se séparent. Staline deviendra qui l’on sait ; quant à L’Autre Joseph – titre du roman –, il sera d’abord pilote d’avion pendant la Première Guerre mondiale, puis entrera dans les services secrets français.
Dans les années 30, un général envoyé par Staline viendra tenter de le convaincre de rentrer au pays. Mais, étant donné que Staline avait fait assassiner tous leurs amis d’enfance, il déclinera poliment l’invitation.
C’est un sujet en or, c’est d’ailleurs un tellement beau sujet que Kéthévane a tourné autour pendant plusieurs années. Comment l’aborder ? Écrire une biographie classique sur son arrière-grand-père ? Il y avait beaucoup de zones d’ombre autour de cette légende familiale, de cet aïeul fantôme… Alors elle a choisi le roman, tout en se basant sur des documents authentiques, comme le livre autobiographique que son arrière-grand-père a écrit après la mort de son meilleur ennemi, soulagé de savoir qu’il le laisserait définitivement en paix. Elle a aussi puisé ses informations dans les petites histoires qu’on se raconte dans les familles, elle a rencontré ceux qui l’avaient connu, et puis après elle a laissé faire son imagination bien sûr. Elle a réinventé l’enfance des deux Joseph, elle a comblé les vides, bref elle a fait son boulot d’écrivain, son beau boulot d’écrivain, avec la sobriété qu’on lui connaît. »