LIBRES HEBDO, Olivier Mony, vendredi 1er mars 2013


« Le temps retrouvé »

« Edna O’Brien publie ses mémoires poignants de mélancolie et de vivacité. […]
C’est d’une plume d’une profonde humanité, guère apaisée, qu’O’Brien évoque aujourd’hui ces jours de colère et de tristesse. Dans un récit impressionniste et hyperréaliste, elle fait surgir les fantômes d’une Irlande noire, travaillée par le péché, où l’oppression sociale, religieuse et sexuelle tient lieu de tables de la loi. La figure qui s’en détache, altière et paradoxalement aimante, est celle de la mère, bourreau et victime, courageuse et impitoyable.
Mais on ne peut réduire ce livre au récit de ce temps pour son auteure d’avant l’écriture, même s’il en est la source. Tout aussi fascinantes sont ces pages où elle évoque sa vie dans ce Swinging London, qu’elle se surprend elle-même à trouver à sa mesure. Ces jours de gloire et d’or qui l’amènent à New York ou à Paris, rouage sarcastique d’une délicieuse société du spectacle, à partager l’amitié de Jackie Onassis, à se faire offrir des suppositoires par Marguerite Duras, à laisser Paul McCartney improviser une chanson pour ses fils, à aimer comme un frère ou un amant Robert Mitchum ou Richard Burton. Tous ces doux oiseaux du passé qu’Edna O’Brien nous restitue dans tout l’éclat de leur jeunesse. Et partant, de la sienne. »