LE COURRIER DE L’ATLAS, Mishka Gharbi, dimanche 15 novembre 2020


Premier roman de Dima Abdallah, Mauvaises herbes , salué et primé

 Mauvaises herbes signé Dima Abdallah reçoit coup sur coup la « Mention spéciale du jury » du Prix de la littérature Arabe ainsi que le prix « Envoyé par La Poste »

« Dima Abdallah est née au Liban en 1977. Elle vit actuellement à Paris. Après des études d’archéologie, elle s’est spécialisée dans l’antiquité. Dima Abdallah vient de publier son premier roman Mauvaises herbes.

Un livre, édité par Sabine Wespieser, qui raconte la guerre civile des années 80 au Liban. Une guerre de tranchées au cœur de la capitale, Beyrouth, que la narratrice observe du haut de ses douze ans et dit ne pas craindre. Certaine d’être à l’abri, protégée par « son géant » de père.

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La mention spéciale du jury du Prix de la Littérature Arabe 2020 a souhaité récompenser « un premier roman émouvant, fort bien écrit, qui raconte l’histoire d’une double perte : celle d’un pays et celle d’un père ». Quant à « Envoyé par La Poste » est un prix créé par La Poste qui récompense un manuscrit adressé par courrier à un éditeur qui y décèle un talent d’écriture et décide de le publier.

Etre libre dans un Liban traversé par les divisions « est cher payé »

Mauvaises herbes raconte l’histoire d’une petite fille victime d’une guerre civile, elle fuie avec sa famille d’un meublé à l’autre et suit une scolarité hachée. «Dehors, le bruit des tirs s’intensifie. Rassemblés dans la cour de l’école, les enfants attendent en larmes l’arrivée de leurs parents ». La petite écolière, elle, ne pleure pas. Il lui faut « cacher sa peur, se taire ». La jeune héroïne comprend très vite qu’il n’y a pas de place pour les caprices. Elle grandit vite, mûrit avant l’âge.

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Une petite jeune fille qui se croit malgré tout protégée par un père géant. Sa petite main « accrochée à l’un de ses grands doigts, certaine de traverser sans crainte le chaos». Or, lucide, elle découvre que les pieds de son géant sont faits d’argile. L’appelle alors « mon grand » également « mon petit ». Ressentant à son tour le besoin de veiller sur lui. Un père intellectuel et libre « qui n’appartient à aucune faction ». Un homme indépendant dans un pays où il faut adhérer à un groupe. Être libre dans un Liban traversé par les conflits et le communautarisme « est cher payé ». C’est donc « une mauvaise herbe ». Un étranger parmi les siens.

Or, une mauvaise herbe, selon Dima Abdallah, « n’est jamais qu’une fleur qui pousse au mauvais endroit ». L’auteure décrit dans ce texte intimiste les effets d’une double déchirure, la perte du père et d’une patrie. Un roman où l’on décèle des relents autobiographiques. Le récit exhume les souvenirs marqués au fer rouge d’une enfant contrainte à l’exil. Devenue femme, elle décide de se raconter. »

Mishka Gharbi

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