- Livre : Albert Black
- Auteur : Fiona KIDMAN
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- Revue de presse
LE TEMPS, Christine Matthey, samedi 21 août 2021
« L’écrivaine néo-zélandaise Fiona Kidman a choisi de raconter un procès qui commence en octobre 1955, celui d’un jeune immigré irlandais qui sera – presque – le dernier condamné à mort de son pays. Le travail accompli par son avocat en faveur de l’abolition de la peine de mort finira par porter ses fruits, mais trop tard pour Albert. Après lui, il n’y aura plus qu’une seule pendaison avant l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement travailliste en 1957-1960. Fiona Kidman reconstruit minutieusement le parcours du jeune homme, parti trop jeune de Belfast, à contrecœur, mais elle tente aussi de retracer l’enquête expéditive qui suit son geste malheureux.
Bien sûr, il s’agit d’un roman. Mais Fiona Kidman (autrice néo-zélandaise née en 1940) développe intelligemment ses personnages à l’aide de nombreux témoignages, mais aussi des archives cinématographiques de Nouvelle-Zélande, ou encore de retranscriptions de Radio New Zealand. Elle parvient à transformer une histoire pourtant connue – le livre débute d’ailleurs dans la cellule d’Albert Black – en récit haletant. Comme dans les films de procès, même si l’issue laisse peu de doutes, la qualité de l’écriture et des dialogues entretient le suspense jusqu’au bout. […]
Le procès ressemble d’ailleurs, sous la plume de Fiona Kidman, à la lecture d’un scénario déjà écrit, comme si on avait fait la leçon aux témoins : “Les événements de la soirée sont répétés une nouvelle fois, comment Paddy (Albert Black) est tombé sur Rita et Johnny qui s’embrassaient sur la véranda, la bagarre qui a suivi. C’est devenu presque une litanie, comme dans une chanson de western, où chaque strophe raconte un chapitre de l’histoire, mais le refrain se répète encore et encore, retournant toujours au même point.” C’est comme s’il était impossible pour le jeune Irlandais d’échapper à la sentence, son meurtre ne peut qu’être prémédité. La vérité importe peu, comme le dit un des jurés : “Un bon Néo-Zélandais ne ferait jamais une chose pareille.” Le préjugé n’aura jamais si bien démontré sa malfaisance que sous la plume de Fiona Kidman. Et le roman toute sa force : une équipe de juristes serait en passe d’obtenir la révision de la condamnation d’Albert Black. »