LIRE MAGAZINE LITTÉRAIRE, Patricia Reznikov, septembre 2021


« Belfast-Est, été 2014. Des années après les “Troubles”, guerre civile de trente ans, la ville vit au rythme des incendies. Elle a beau être sillonnée de murs de la paix, celle-ci n’a jamais eu lieu. La veille du 12 juillet, fête des orangistes protestants, la tradition veut que l’on dresse des bûchers, construits par les enfants. Lorsque les flammes s’élancent, toute la ville suffoque, les sirènes hurlent. Cet été-là, la colère et la rage s’élèvent dans le ciel avec la fumée, tandis qu’un mystérieux Lanceur de feu exhorte la population à la violence. Dans cet enfer, deux hommes perdus tentent d’être des pères. Sammy, ancien paramilitaire loyaliste, a un fils déviant et brutal. Lorsqu’il le reconnaît dans le Lanceur de feu, il sait qu’il est trop tard, que ce pays a fait de lui un criminel. Doit-il le dénoncer ? De son côté, Jonathan, médecin solitaire, élève l’enfant “particulière” née d’une nuit passée avec une femme qui l’a ensorcelé. Il découvre bientôt qu’à Belfast-Est naissent d’autres enfants dotés de pouvoirs destructeurs, symboles de cette Irlande du Nord malade et dysfonctionnelle. Doit-il mutiler son adorable fille ? Les deux hommes sont déchirés entre leur amour de père et leur impuissance.
Roman envoûtant, suffocant, fantastique et profondément humaniste sur la transmission de la violence, Les Lanceurs de feu est aussi l’évocation drôle et tendre d’un Belfast populaire, attachant et schizophrène, qui tente de survivre à un apartheid dont les racines ne cessent de se revigorer par les flammes. Un superbe roman sur la responsabilité des hommes ici-bas et la ruine qu’ils apportent au monde. »