- Livre : Les Lanceurs de feu
- Auteur : Jan CARSON
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- Revue de presse
LA LIBRE BELGIQUE, Geneviève Simon, mercredi 8 septembre 2021
« Née dans une famille protestante à Belfast, Jan Carson fait de sa ville le personnage principal des Lanceurs de feu, lauréat pour l’Irlande du prix de littérature européenne 2019, le premier de ses romans à être traduit en français. Avec brio, d’une plume distinguée qui ne craint pas de s’aventurer sur le territoire du réalisme magique, elle dépeint l’emprise que Belfast exerce sur ses habitants, la délicate cohabitation entre communautés, entre classes sociales. Si les Troubles sont ici de l’histoire ancienne, leur héritage pèse encore sur les générations nées par la suite. D’ailleurs, lors de cet été 2014, l’Est de Belfast est la proie d’incendies qui, entre surprenante beauté et désir de semer le désordre, plongent la ville dans une ambiance crépusculaire. […]
À travers le destin de deux pères qui redoutent que leur enfant soit capable de faire souffrir les autres, de deux hommes qui se révèlent au final plus proches qu’il n’y paraît, Jan Carson interroge le poids des déterminismes qui pèsent sur nous, entre la part inévitable d’inné et ce que nous pouvons espérer acquérir. En faisant porter à deux pères impuissants mais concernés ces questions, elle leur offre leur plus beau rôle. Pour l’un, la paternité est une forme d’accomplissement qui passe par une compréhension nouvelle de son parcours. Pour l’autre, qui a toujours redouté de s’intégrer, c’est une réalité sur laquelle s’appuyer pour enfin espérer trouver sa place. […]
À l’heure où certains craignent encore les conséquences néfastes du Brexit sur le destin de l’Irlande du Nord, Les Lanceurs de feu nous plonge avec maestria dans une vérité toujours douloureuse. Surtout, ce roman inventif qui captive de bout en bout nous rappelle que, pour une frange de la population, la violence est parfois la seule identité sur laquelle s’appuyer. Parce qu’ils ne devraient avoir d’autre choix que de montrer la voie, c’est d’abord aux pères de dépasser leur colère, leur culpabilité, leur rage enfouie. Dans un final tendu à l’extrême, Jan Carson remet l’amour au centre du jeu. L’amour, réalité aussi insaisissable que l’est la sirène. »