- Livre : Il n'y aura pas de sang versé
- Auteur : Maryline DESBIOLLES
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- Revue de presse
SUD OUEST DIMANCHE, Alexandre Fillon, dimanche 30 avril 2023
« Il n’y aura pas de sang versé », quatre femmes au combat
Maryline Desbiolles suit des ouvrières des soieries lyonnaises qui vont participer à un premier mouvement social, en 1869.
Ce n’est pas banal : le nouveau roman de Maryline Desbiolles se veut une manière de course de relais. Tour à tour, les quatre participantes de l’affaire vont se passer le témoin. Nous voici ramenés au XIXe siècle.
La première des relayeuses à entrer en piste porte le prénom de Toia. La belle brune a 15 ans quand elle devient une femme, un jour sur la colline. Il lui faut quitter la ferme familiale de La Morra, dans le Piémont, pour s’en aller travailler en France. Gagner en diligence Lyon où l’attend une place dans un atelier de moulinage, près du parc de la Tête d’Or. Un atelier de soierie comme celui où Rosalie Plantavin exerce un emploi d’ovaliste. Sous-qualifiée et sous-payée, la jeune fille arrive de Nyons, dans la Drôme, laissant derrière elle un petit garçon dont elle ne voulait pas. Marie Maurier, elle, a débarqué de Haute-Savoie. Réputée pour sa bonne humeur, elle connaît de près la violence. Au moins depuis qu’elle s’est entaillé la paume de la main avec une faucille « un soir qu’elle faisait de l’herbe pour les lapins ». Quant à Clémence Blanc, la Lyonnaise, elle a des cheveux si blonds et toujours envie de respirer « un peu plus grand ».
Des revendications
En cette année 1869, en juin, le mois de Junon, protectrice des femmes, il va y avoir des étincelles et des revendications. Des voix qui essayent de se faire entendre aux oreilles des patrons. Une mobilisation. Une lettre collective adressée à « Monsieur le Sénateur Préfet du Département du Rhône », à l’instigation d’une certaine Philomène Rozan, grâce à l’aide d’un des écrivains publics de la ville.
Face au silence, il leur faut descendre en bande dans la rue pour obtenir réponse. Braver les interdits, risquer des amendes et des arrestations…
Maryline Desbiolles ne manque pas de souffle pour rendre hommage au combat de ses héroïnes et coucher magnifiquement leurs destinées sur le papier.