- Parution : Avril 2025
- Disponible en librairie à partir du 3 avril 2025 au prix de 18 €, 160 p.
- N° d’éditeur : 236
- Également disponible au format epub et pdf
- ISBN : 978-2-84805-556-5
Rien d’étonnant, avec une mère rêveuse et donnant toujours le sentiment d’être étrangère à ce qui l’entoure, que ses enfants ne s’inquiètent pas des premiers symptômes de la maladie neurodégénérative qui l’emportera. Bien avant la révolution islamique, quand avec ses amies elles arpentaient en minijupes, les cheveux crêpés, la grande avenue de Téhéran, elle s’était elle-même choisi le surnom de Roya, qui signifie « rêve » en persan.
Si Yassaman Montazami laisse entendre qu’il n’était pas tous les jours facile d’être la fille d’une mère qui se raidissait à la moindre étreinte – « un animal à sang froid », disait d’elle son propre mari –, elle en dresse pourtant, quelques années après sa mort, un portrait tendre et cocasse, jusque dans la description de ses derniers instants.
Il faut dire que Roya a toujours vécu dans l’ombre de quelqu’un. Née par accident quelques mois après sa sœur, elle a passé son enfance à se faire discrète, entre la solaire Shimi et leur frère aîné, Dadash, en compagnie de qui les deux inséparables gamines découvrent Fred Astaire et Gene Kelly au Téhéran Palace. Elle les a pourtant quittés pour aller s’installer en France avec celui qu’elle finit par épouser, de guerre lasse, après une cour assidue. Les lecteurs du Meilleur des jours, le premier roman de l’autrice, reconnaîtront dans le jeune homme séducteur et fantasque, fasciné par le mystère de Roya, l’éternel étudiant marxiste qui en était le protagoniste. À Paris, la jeune femme, fidèle à elle-même, vit comme un songe Mai 68 et les échos des événements révolutionnaires iraniens.
Délicat et pudique pour évoquer la complexité du sentiment filial, le nouveau roman de Yassaman Montazami frappe par sa richesse et son sens de la nuance : à travers le portrait de sa mère, qui jamais n’a cessé les allées et venues en Iran où était restée sa famille, elle nous dépeint un monde ancré dans une réalité infiniment complexe. L’attitude de son extraordinaire grand-mère maternelle – la mère de Roya – en est un parfait exemple : Malak a consacré l’essentiel de son temps à l’étude des textes coraniques, vivant intensément sa foi, sans jamais empêcher ses filles de mener l’existence émancipée qui était la leur.