- Livre : Une vie entière
- Auteur : Robert SEETHALER
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- Revue de presse
FRANCE CULTURE, Coup de cœur de Valérie Ohanian, librairie Masséna (Nice), « Le Temps des libraires », Christophe Ono-Dit-Biot, vendredi 18 décembre 2015
« C’est le portrait d’un homme simple, d’un homme de peu, très humble, qui était orphelin, élevé dans une famille de bourreaux dont il était le souffre-douleur – d’ailleurs il en est resté boiteux – et qui en fait, dans la vie, se contente de ce qu’on lui offre ou de ce qu’il trouve. C’est un récit très court, Une vie entière sur 160 pages, donc c’est très ramassé, et c’est vraiment l’essentiel de sa vie : comment il va un jour partir parce qu’il est devenu un homme […], il va se faire journalier […], et surtout il va tomber amoureux d’une jeune fille qui s’appelle Marie. Et, comme c’est un homme qui […] est un peu gauche et qui ne sait pas comment lui dire qu’il l’aime, il va inventer un stratagème avec ses compagnons de travail, et lui faire une déclaration magnifique dans la montagne – rien que pour ça, le roman vaut la lecture.
En plus, il travaille dans la construction du téléphérique, et il a un rapport très charnel avec la montagne, avec la nature, qui est très bien raconté dans les détails de ce roman. Parce que, finalement, de lui, on ne sait pas vraiment son caractère, sauf qu’il est placide, et patriote aussi : il veut s’enrôler pendant la Deuxième Guerre mondiale. […] La guerre est racontée en 12 pages […], simplement, avec les mots justes, la précision absolue du texte, où le moindre adverbe compte.
Il va dérouler sa vie, c’est la vie de tout un chacun : on naït, on meurt, sauf qu’elle est racontée de façon merveilleuse, avec une simplicité désarmante, et cette acceptation de la vie comme elle vient. […]
Ce qui est tout à fait étonnant, c’est que le roman s’ouvre avec une première scène où Andreas porte un homme sur son dos, parce qu’il va mourir et qu’il veut l’amener au village […], ils s’arrêtent, il neige, il fait froid et, tout d’un coup, l’homme disparaît […]. Et dans la fin du roman, Jean des Cornes – qui est ce personnage qui ouvre le roman, un personnage un peu comme un farfadet […] – réapparaît parce que c’est la fin de la vie d’Andreas – ça a aussi un petit côté conte d’Hoffmann quelque part, avec un côté très mystérieux : la neige qui est là, il va mourir, il fait froid comme dans la scène d’ouverture ; ça fait comme une ellipse, une boucle… Et, vraiment, quand on le referme, on se dit qu’il faudrait qu’on le relise pour retrouver cette magie. »