LIVRES HEBDO, Olivier Mony, vendredi 19 septembre 2014


« Avant-portrait : Montreur d’ombres »

« Un jeune homme, Freud et ses cigares, Vienne à l’heure de la montée des périls, c’est Le Tabac Tresniek, premier roman traduit de Robert Seethaler […], le it boy de la littérature germanophone, dont le cinquième roman, Une vie entière, à peine paru en Allemagne, bat des records de vente.

Pour l’instant, c’est par son quatrième, plus confidentiel (100 000 exemplaires tout de même) que les lecteurs français s’apprêtent à le découvrir. L’histoire d’un jeune homme qui débute dans la vie à l’heure du crépuscule du monde et des empires. Dans la Vienne des années 1930, Franz, venu de ses montagnes, trouve un emploi chez un marchand de tabac et de journaux, Otto Tresniek, qui a perdu ses jambes à la guerre et en a conservé une solide misanthropie. Parmi les clients de la boutique, un vieux docteur fatigué qui ne voit que trop bien venir le temps des assassins, Sigmund Freud. Franz tombera amoureux (d’Anezka, une gamine venue de Bohème, un peu artiste, un peu putain). Freud et Tresniek, chacun à sa façon, l’aideront à écrire son roman de formation. Et le temps passe comme ça, sur fond d’exil, de montée des périls, jusqu’à la nuit. […]

Ce que veut [Robert Seethaler], avec ses livres ou dans la rue, c’est montrer. Montrer les tilleuls dans le soir, les postiches dans les loges du théâtre national, la mention lumineuse REVOLUTION sur un manège du Prater. Montrer gentiment, et s’en aller. »