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Duong Thu Huong reçoit le prix mondial Cino Del Duca 2023 pour l’ensemble de son œuvre

Duong Thu Huong reçoit le prix mondial Cino Del Duca 2023 pour l’ensemble de son œuvre

Duong Thu Huong reçoit le prix mondial Cino Del Duca 2023 de la Fondation Simone et Cino Del Duca pour l’ensemble de son œuvre.

Créé par Simone Del Duca en 1969, le Prix mondial vient couronner la carrière d’un auteur français ou étranger dont l’oeuvre constitue, sous forme scientifique ou littéraire, un message d’humanisme moderne. Doté de 200 000 €, il offre la plus importante dotation pour un prix littéraire après le Prix Nobel.

Duong Thu Huong succède ainsi à Haruki Murakami (2022), Maryse Condé (2021), Joyce Carol Oates (2020) et Kamel Daoud (2019). Le Prix mondial lui sera remis à sous la Coupole de l’Institut de France lors de la séance solennelle de remise des Grands Prix des fondations de l’Institut, le 21 juin 2023.

Communique-de-Presse-Prix-mondial-Del-Duca-2023

LE LIBÉ DES ÉCRIVAINS, Sarah Jollien-Fardel, vendredi 21 avril 2023

LE LIBÉ DES ÉCRIVAINS, Sarah Jollien-Fardel, vendredi 21 avril 2023

Le fervent labeur du libraire, par Sarah Jollien-Fardel.

Ode à ces antres de répit, de joie, d’intériorité, de consolation, de curiosité jamais blasée.

Pau, boulevard des Pyrénées, novembre 2022. Une éditrice, un libraire, une autrice. Trois lecteurs, inéluctablement. Ils devisent chaleureusement sur une terrasse, face à la mythique chaîne montagneuse du sud-ouest. De quoi parlent-ils ? Des derniers livres appréciés, d’une lecture commune. « Ah ! Ce livre ! On était plusieurs, à la librairie, à avoir eu un coup de foudre. Premier jour de parution, zéro vente. Deuxième jour, une. Fin de la semaine, presque rien. On reste après la fermeture pour réfléchir… On savait qu’on ne se trompait pas, mais notre manière d’en parler ne touchait pas les gens. Puis, on a trouvé : nous devions axer sur l’angle affectif de l’histoire. Et hop ! Le livre s’est arraché. – Sur la centaine de parutions de la rentrée, vous vous interrogez pour un seul ouvrage ? – On ne se questionne pas, on se remet complètement en question ! L’auteur a écrit un texte qu’on a adoré, si on n’arrive pas à transmettre notre émotion, c’est nous le problème. Pas l’auteur ou les lecteurs. »

Les libraires, qu’est-ce que je les estime. Et depuis longtemps. Je me figurais appréhender – et plutôt bien – leur travail : désempaqueter des kilos de matériel, classer, tenir plannings comptes et administration, trouver une identité, créer des liens durables avec une clientèle, gérer admirablement les stocks car trop commander ce serait retourner des ouvrages qui plombent les petites maisons d’édition… Il me semblait connaître leurs qualités : intransigeance, curiosité, radicalité. Comme leurs défauts : intransigeance, radicalité. Chez tous, du moins chez les indépendants, les vrais, pas ces sortes de monstres à deux têtes qui s’en déclament tout en multipliant les ouvertures à tire-larigot : la passion. Je les avais idéalisés, hésitant à l’adolescence à en faire mon métier.

Aura de révérence dévote

Il faut dire que dans ma région, avant l’ouverture en 1983 de la Liseuse, la nourriture littéraire ne se sustentait pas en librairie. Nous nous rassasions (encore que…) chez un bouquiniste dont l’odeur de l’échoppe ressuscite à chaque évocation. A la bibliothèque cantonale comme on disait, où trouver un ouvrage se méritait presque ; si l’on avait les bonnes indications, ou par des hasards bienheureux, on dénichait les références du sésame sur des fiches dactylographiées, classées dans des casiers en bois blond, que l’on tendait à l’un des bibliothécaires derrière la réception. Une pièce close et vitrée où, sur quelques rangées de longues tables en bois, des étudiants plus âgés que moi, penchés sur les pupitres, travaillaient ou riaient sans bruit, comme on ne le fait qu’à ces âges, de tout son corps. Un silence de cathédrale, la décoration vieillotte et bourgeoise imprégnaient le lieu d’une aura de révérence dévote. Et enfin, l’excitation de la maisonnée : la très attendue et exotique enveloppe trimestrielle de France Loisirs.

Les librairies, je les ai reniflées timidement, impressionnée par les possibles, ébahie par la beauté de ces alignements, arpentées de long en large, dans chaque ville chaque pays, jamais repue de ce fantasme idéalisé et si attendu. Elles demeurent définitivement des antres de répit, de joie, d’intériorité, de consolation, de curiosité jamais blasée. Ce dernier automne, en traversant le miroir, une facette inconnue s’est dévoilée. A Bayonne, Lyon, Sète, Nice, Forcalquier, Nantes, Vannes, Rennes, Chambéry, Strasbourg et autres bourgs français, les libraires m’ont invitée, bras ouverts. Pas sur un coin de table, un verre d’eau et basta. Leur accueil, leur écoute, leur lecture m’ont chamboulée, épatée aussi de ce qu’ils ont décelé dans mes entre-lignes inconscients.

D’eux, j’ai voulu conserver une empreinte. Ils ont signé, entre autres, des livres d’Álvaro Mutis, Alain Guiraudie, Mathieu Riboulet, Walt Whitman, Fernando Aramburu qui, désormais, constituent une fabuleuse et éclectique « bibliothèque souvenir ». Comme un prolongement tangible de leur singularité. Comme une preuve d’un compagnonnage précieux.

Le libraire parfait existe. Je l’ai rencontré. C’est un métier. Sacré.

Le fervent labeur du libraire, par Sarah Jollien-Fardel

LE LIBÉ DES ÉCRIVAINS, Maryline Desbiolles, vendredi 21 avril 2023

LE LIBÉ DES ÉCRIVAINS, Maryline Desbiolles, vendredi 21 avril 2023

« Printemps des migrations » : à Nice, les murs tombent et le cœur bat encore, par Maryline Desbiolles.

Dans la ville historiquement cosmopolite, un collectif d’associations organise moults activités durant tout le mois d’avril sur la thématique des frontières.

A Nice, avec le printemps des migrations tout le mois d’avril, le cœur bat encore. Même si la ville a l’air anesthésiée. Par la beauté de son site, la perfection de sa baie qui doit tout à son heureuse topographie, à ses anges qui résistent aux dommages causés à son patrimoine, au bruit et à la fureur de ses voies de circulation. Le cœur bat encore.

Même si la ville a l’air d’avoir tout oublié. Du petit peuple dont elle vient. Qui exultait et semait un joyeux désordre lors du carnaval, s’aspergeait de plâtre, lorsque le vieux Nice était surnommé Babazouk, que les pêcheurs se déguisaient en ratapignata, en chauves-souris noires se moquant de l’aigle rouge, bien royal, bien immobile des armoiries de la ville. Ou encore de l’été brûlant de 1936 lorsque 28,5 % des employés et ouvriers sont en grève (contre une moyenne nationale de 18,8 %), si bien que même les employés des casinos, les coiffeurs, les concierges cessent le travail, après que 20 000 Niçois sont descendus dans la rue le 3 mai pour fêter la victoire des trois élus maralpins du Front populaire dont Virgile Barel que l’on reconnaît au centre d’une photo, «Le peuple communiste en liesse». Tout oublié. Et bien entendu, quai des Etats-Unis, les galeries de la Marine et des Ponchettes, littéralement soufflées en 2019 pour rendre ouverte à la mer une ville qui l’est déjà tout entière. La galerie des Ponchettes où se concentra longtemps la vie culturelle niçoise, sous l’impulsion de Jacques Cotta, résistant et membre de la SFIO, qui fut maire de Nice de 1945 à 1947. Galerie inaugurée en 1950 par une grande exposition Matisse. S’il avait élu Nice et sa lumière, le peintre s’impliqua dans les travaux de la galerie où il voyait la possibilité d’un musée et surtout d’une éducation populaire : en face des Ponchettes, à deux pas, la mer est à tout le monde

Performances artistiques et cosmopolites

Tant d’expositions ainsi soufflées, de lectures, rencontres, soirées mémorables du festival de musique contemporaine, les Manca, créé par Jean-Etienne Marie en 1978, ou de performances (1) qui sont peut-être ce que Nice, depuis les années 50, a de plus niçois, sans doute nées sur la plage, éternel début du monde comme on sait, sur la plage ou pas loin, sur les genoux de cette cocotte trop poudrée, usée, vendue, un peu bêtasse, mais qui, lorsqu’elle relève légèrement ses jupes pour mettre les pieds dans l’eau, sait retrouver la bienheureuse idiotie de l’enfance. Performances que ne peuvent pas récupérer des Niçois prétendument rebelles (Nissa rebela, mouvement issu du Bloc identitaire) mais obsédés par un ordre non moins prétendument nouveau, par l’identité et la chasse aux musulmans. Performances artistiques, cosmopolites plutôt qu’internationales, cadeaux, pieds de nez, indifférentes aux résultats, quand on voudrait désormais que Nice soit dédiée aux performances sportives, à la compétition, au ronron des records.

Au fait, les performances seraient-elles seulement possibles dans une ville où les 4 112 caméras de surveillance sont désormais une attraction touristique ? Où, faute d’avoir détecté les repérages d’un camion dix-neuf tonnes sur la promenade des Anglais, elles pourraient dépister les artistes de rue qui ne sont pas labellisés par la mairie, qui n’ont pas rempli le « formulaire de demande d’autorisation d’une production artistique sur la voie publique » ?

Le cœur bat encore en ce printemps.

Marche festive

En ce printemps des migrations, en ce mois d’avril pendant lequel un collectif composé d’associations aussi diverses que l’AdN, Book club féministe 06, La Cimade, Emmaüs Roya, Mouais le mensuel, Sciences Po Refugee Help Menton ou Tous citoyens !, organisent concerts, expositions, projections de films, débats et repas partagés dans les quartiers de la ville, l’Ariane comme le Carré d’or, manière aussi de signifier que «les murs tombent», sous-titre de ce printemps. Le cœur bat encore en ces jours où est chanté l’alliage dont la ville est le fruit, alliage de natifs et de voyageurs, d’Anglais, de Russes, Italiens, pieds-noirs, harkis, longtemps cantonnés dans les baraques des hameaux de forestage de l’arrière-pays, Maghrébins qui, avant d’en être chassés, vivaient encore dans le vieux Nice, au début des années 80, lorsque j’y habitais comme le porteur d’aide aux exilés, Cédric Herrou, qui venait de naître, ou sa grand-mère allemande qui y tenait des salons de coiffure. Grand-mère dont il était très proche, me dit-il, qui avait fui le nazisme et, il l’apprit longtemps après sa mort, avait été emprisonnée en Allemagne pour avoir aidé des clandestins à passer la frontière.

Le printemps des migrations a été entonné samedi 1er avril par une marche festive, de la promenade des Anglais à Garibaldi, et, sur-le-champ, mis à l’index par la mairie qui dénonce, «au moment où le besoin d’autorité est réel dans notre pays», une organisation non autorisée, quand elle l’a pourtant été par la préfecture. Qui sont les fauteurs de troubles ? Cédric Herrou parle de diffamation et d’une manière de criminaliser une initiative citoyenne ainsi que le travail des associations. Certaines d’entre elles se seraient retirées des manifestations après que la mairie les aurait menacées de ne pas renouveler leur bail. Qui sont les fauteurs de troubles ? Pour Cédric Herrou qui se rendit coupable de « délit de solidarité », il s’agit tout au contraire d’extraire de la marginalité ces notions d’entraide, de fraternité, de les rendre publiques, en somme de les démocratiser.

Fauteurs de troubles ? Troubles. Brouillages. Brouillages de l’histoire. Et même de la géographie. La frontière est un bord, une limite, la frontière est un passage, parfois dangereux, parfois mortel, et tout autant par le littoral que par les montagnes, mais un passage. La ville est une proue, un front de mer, pas seulement, elle vient aussi de tout un monde tourmenté, montueux, un arrière-pays de misère, tout un rêve porté par ses fleuves côtiers qu’ils jettent à la mer plutôt que l’eau dont ils sont de plus en plus dépourvus. Tout un monde, tout un rêve, agrandis par des mondes et des rêves lointains. Mondes, rêves et temps lointains. Un printemps à ne pas oublier et à célébrer toujours.

(1) Une histoire de la performance sur la Côte d’Azur de 1951 à nos jours. Villa Arson, Nice, 2012. performance-art.fr
Printemps des migrations, Nice, jusqu’au 30 avril. printemps-des-migrations.org.

 

« Printemps des migrations » : à Nice, les murs tombent et le cœur bat encore, par Maryline Desbiolles

« Pleine et douce » de Camille Froidevaux-Metterie, finaliste du Prix Roman France Télévisions 2023

« Pleine et douce » de Camille Froidevaux-Metterie, finaliste du Prix Roman France Télévisions 2023

Fidèle partenaire du livre, France Télévisions annonce la sélection de ses Prix Essai et Roman. Créés en 1995, ces prix récompensent les auteurs d’ouvrages parus en langue française dans l’actualité littéraire récente.
Ils seront décernés par 22 lecteurs choisis après un appel à candidatures lancé sur les antennes de France Télévisions : 11 pour le Prix Roman et 11 autres pour le Prix Essai.
Six essais et six romans viennent d’être choisis par un jury de sélection présidé par François Busnel et composé de journalises spécialistes de la littérature sur nos antennes : Sarah Briand, Olivia de Lamberterie, Ines de La Motte Saint Pierre, Anne-Marie Revol et Augustin Trapenard.

En lice pour le Prix Roman France Télévisions 2023
Camille Froidevaux-Metterie, Pleine et douce (Sabine Wespieser)
Marie-Hélène Lafon, Les Sources (Buchet-Chastel)
Maria Larrea, Les gens de Bilbao naissent là où ils veulent (Grasset)
Jeanne Pham Tran, De rage et de lumière (Mercure de France)
Monica Sabolo, La vie clandestine (Gallimard)
David Thomas, Partout les autres (L’Olivier)

Les lauréats des Prix Roman et Essai France Télévisions seront dévoilés le 1er juin 2023

Lien vers le communiqué de presse

« Les Haïtiens, le 9mm sur la tempe : pérenne indifférence française. Dette morale ? » Article de Frédéric L’Helgoualch publié sur Mediapart

Selon le dernier rapport de l’ONU sur l’insécurité en Haïti, les homicides ont presque doublé en trois ans, les enlèvements sont passés de 78 en 2019 à 1359 en 2022. En 2023, pas besoin d’être médium pour deviner que ce triste record sera battu.

Yanick Lahens en 2018 dans « Douces déroutes » décillait déjà le lecteur européen confortablement installé dans son fauteuil sur la réalité quotidienne à Port-au-Prince.

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« Les Ravissements » au palmarès des dix romans préférés des libraires indépendants des « Défricheurs de la rentrée littéraire »

« Les Ravissements » au palmarès des dix romans préférés des libraires indépendants des « Défricheurs de la rentrée littéraire »

« Les Ravissements », le deuxième roman de Jan Carson, paru en janvier dernier, figure parmi le palmarès des dix romans préférés des libraires indépendants en cette rentrée d’hiver. Cette sélection a été réalisée par les Défricheurs de la rentrée littéraire.

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Quelques mots introductifs à la rencontre avec Jan Carson à la librairie Millepages de Vincennes : où il question de nos beaux métiers et de… ravissements

Chère Jan Carson, chères lectrices et lecteurs réunis ce soir,

Vous le savez sans doute, les libraires passent une partie non négligeable de leur temps à défaire – autrement dit conseiller et vendre – et refaire – assortir et acheter – une immense toile sensible faite de dizaine de milliers d’histoires. C’est un résumé un peu rapide du métier de libraire, mais comme nos états d’âmes ne sont pas au programme de la soirée, nous allons nous en contenter.

La question que j’adresse à la cantonade est la suivante : dans un tel capharnaüm où il est si simple de se perdre, que doit-on attendre d’un roman par les temps qui courent ?

En guise de réponse, permettez-moi de vous faire la proposition suivante :

nous recherchons un livre qui ne ressemble à aucun autre.

Un texte qui nous offre la possibilité d’entrer dans l’interstice, dans cette faille du vécu et du « réel » qui se fait jour. Nous voulons éprouver des sensations et des expériences nouvelles, des ravissements en somme, puisque la littérature est faite pour nous arracher à nos existences, pour nous aider à penser et à voir en surplomb de ce que nous sommes. Soyons fous, il nous appartient de réclamer que les limites soient abolies. Nos imaginaires ne souffrent pas d’être bridés, ni d’être formatés. Un bon livre sème la zizanie dans notre esprit et dans notre cœur. Un bon roman est un trublion, un lanceur de feux.

Sabine Wespieser a le nez creux et des goûts sûrs. La cohérence et l’originalité du catalogue de la maison inspire le respect et l’admiration et je dois ici la remercier chaleureusement pour le bonheur sans cesse renouvelé depuis 20 ans d’accompagner son travail.

Chère Jan Carson, en deux livres excellemment traduits par Dominique Goy-Blanquet, vous nous avez fait chavirer. Après les  Lanceurs de feu, ces Ravissements confirment l’étendue de votre talent.

Nous sommes à Ballylack, village imaginaire d’Irlande du Nord en juin 1993. Hannah, 11 ans, connaît une solitude peu commune pour une fille de son âge. Ses parents coincés dans une foi protestante sans concession la maintiennent dans le carcan serré de la religion. Entre deux séances de prières, elle trouve un peu de fantaisie et de réconfort auprès de son grand-père et de son « Jésus mental », moins rigoriste que le Dieu de ses parents.

L’été s’annonce sans réelle surprise quand, sans crier gare, une infection mortelle emporte deux enfants de sa classe.

Alors que les violences n’en finissent pas de déchirer le pays, un mal aussi mystérieux que virulent vient pulvériser la fausse quiétude de ce village rural de l’Ulster.

Hannah reçoit en secret la visite de ses petits camarades disparus alors qu’enquêteurs et journalistes s’abattent sur la communauté déboussolée et frappée par les deuils à répétition. La tragédie ne fait que commencer…

Les Lanceurs de feu, votre précédent roman traduit, le premier d’ailleurs, nous avait laissés sans voix. Nous avions été séduits par la virtuosité avec laquelle vous meniez de front l’hyper-réalisme de la situation sociale de l’Irlande du Nord pendant les « Troubles » et le portrait croisé de deux pères confrontés aux énigmes de la filiation. Avec Les Ravissements, vous poursuivez votre exploration des lignes de failles de la société nord-irlandaise. Pas à pas, vous faites tomber les masques. Tous les personnages, les enfants comme les parents, sont scrutés avec une attention maniaque sans concessions ni manichéisme au fil d’une peinture de caractères aussi savoureuse que cruelle.

Il convient en guise d’éloge définitif de saluer avec vigueur le crescendo sensoriel vertigineux du récit et une écriture qui mélange savamment une forme de réalisme magique à une dose d’ironie nécessaire et bienvenue au regard de l’énormité de la bêtise humaine.

Si je devais vous inscrire dans une généalogie, je vous imaginerais un peu comme une fille littéraire d’Edna O’Brien et de John McGahern. Conscients de votre potentiel, ils auraient choisi pour vous un précepteur de la trempe de José Saramago.

Mais pourquoi chercher si loin et laisser dériver ainsi mon imagination puisque vous êtes, chère Jan Carson, absolument unique.

 

« La Croix », portrait de Sabine Wespieser par Christophe Henning pour les vingt ans de la maison d’édition, jeudi 29 décembre 2022

Maison indépendante, les éditions Sabine Wespieser fêtent leurs vingt ans. Chaque année, l’éditrice publie dix titres, résistant à toute logique de croissance.

La maison d’édition, c’est elle. Elle n’est pas seule mais la maison porte son nom, et Sabine Wespieser revendique sa patte à chaque instant. De la lecture des manuscrits à l’accompagnement des auteurs dans les studios radio, en passant par la visite aux libraires, elle est la cheffe de maison. Ce qui n’empêche pas une disponibilité chaleureuse : le sourire franc, le regard pétillant derrière la mèche, elle savoure chaque rencontre. Et dans la cacophonie des grandes maisons, l’éditrice indépendante joue sa petite musique avec talent. Depuis vingt ans.

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Goncourt des détenus : le bandeau est disponible

Dès janvier, les exemplaires de Sa préférée, premier prix Goncourt des détenus, mais également Choix Goncourt de la Suisse, prix FNAC et prix Millepages, seront revêtus d’un bandeau signalant ces prix dont nous sommes si fiers. Des bandeaux sont également disponibles pour ceux qui souhaiteraient les poser sur les livres déjà en stock, il suffit de nous les demander : contact@swediteur.com