La première des chroniques hebdomadaires de Maryline Desbiolles dans « La Croix »


À l’heure du déjeuner, mon mari me dit qu’il est bien prétentieux de tenir une chronique hebdomadaire, de penser qu’on a quelque chose de pertinent à écrire chaque semaine. Oui, prétentieux. Je m’insurge, mais le mot fait mouche. D’autant qu’il fait suite à des critiques émises au moment des élections européennes puis des législatives quant à la posture des artistes, des « gens de culture » qui auraient « lâché le peuple » (ce n’est pas mon mari qui le dit, mais Ariane Mnouchkine dans Libération, le 12 juin 2024).

Des artistes impuissants, narcissiques, sectaires. Prétentieux ? Des artistes, des gens de culture qui ne sauraient pas donner voix aux électeurs du Rassemblement national, ces ouvriers modestes, mais pas pauvres, pas donner voix, pas représenter les Blancs habitant dans des petites villes ou dans des pavillons en périphérie urbaine et en milieu rural (Michel Guerrin, éditorial du Monde, le 14 juin 2024).

Je ne suis pas à l’abri de ces critiques, même si j’habite au beau milieu : une campagne rattrapée par la périphérie urbaine, même si j’habite à l’est de Nice une commune dont le maire est communiste et qui, aux législatives anticipées, a réélu au premier tour la députée du Rassemblement national à 58,72 %. Je ne suis pas à l’abri de ces critiques même si de nombreux modèles des personnages de mes romans font partie, sans nul doute, de ces 58,72 %. Pas du tout à l’abri, moi qui les ai injuriés en silence, mais les dents serrées, qui ai pris ce vote contre moi, qui me suis sentie visée, puérilement, prétentieusement (ça ne passe pas).

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