BLOG ENCRES VAGABONDES, Dominique Baillon-Lalande, lundi 15 décembre 2014


« Un roman étrange qui, s’il s’apparente à un conte initiatique aux confins du fantastique et de l’imaginaire où il ancre sa dimension tragique, aborde de façon originale notre société moderne.

Si l’auteur oppose la nature, la forêt à la ville, au microcosme cannibale du monde des affaires politiques ou à celui de la bourgeoisie de province, rétréci et médiocre mais arque-bouté sur ses privilèges, il ne faut pas pour autant voir ici un roman écologique. La nature n’y est, par opposition et par le hasard de l’accident nocturne, qu’un révélateur du désordre intérieur du personnage central, de ses errances, de la défiance qu’elle ressent vis-à-vis des autres et d’elle-même. […]

La violence du texte incarne littérairement celle des formatages imposés dès l’enfance, celle, protéiforme et plus ou moins feutrée selon les époques et les latitudes, de la société, celle refoulée et en cela d’autant plus destructrice de l’héroïne.

Et, s’il a fallu la brutalité de la mort pour générer cette renaissance, le processus de reconquête de soi et de réconciliation se joueront ensuite sur le registre du tâtonnement, de la lenteur et des profondeurs. Le chemin vers l’apaisement et la lumière sera long, douloureux et incertain. […]

Un premier roman […] qui envoûte le lecteur par son intensité, son inventivité, son exigence, son jeu habile des contrastes et sa façon de se situer au plus près des petites choses, à passer par l’expression sensorielle pour raconter son histoire et animer son personnage.

La figure du Minotaure pour questionner la frontière entre humanité et bestialité, pour illustrer l’aspect labyrinthique de la quête de soi et du rapport aux autres, est une belle trouvaille.

Un court roman subtil, foisonnant et passionnant à déguster avec lenteur et attention. »