BLOG LA RUELLE BLEUE, jeudi 1er novembre 2012


« Dans mon processus d’écriture, je pars d’un brouillon très fourni, avec beaucoup de faits, d’explications qui viennent étayer mon histoire. Et puis peu à peu, j’enlève cet échafaudage… je creuse au cœur de l’histoire… et parfois en chemin, je dois remettre un autre échafaudage pour aller plus loin encore. Mais au bout du compte, j’enlève toutes les armatures et l’histoire doit alors pouvoir se tenir toute seule. Elle doit être débarrassée de tous ces matériaux de soutènement, jusqu’à l’épure…
Je pense que la narration doit nécessairement rester sur un mode suggestif et ne jamais s’aventurer sur la terre ferme des assertions. C’est essentiel afin d’ouvrir tout le champ des possibles. L’affirmation annihile tout. Si vous êtes catégorique quand vous écrivez, alors vous n’offrez pas au lecteur la possibilité du contraire et le privez ainsi d’une tension indispensable à fertiliser l’imagination. Ainsi, si une chose est vraie, alors son contraire peut l’être aussi. C’est la fameuse théorie de l’iceberg… Je pense en effet que le genre de la nouvelle est un genre qui fait la part belle à la suggestion. Et c’est justement toute la complexité de la chose ! »

Interview de Claire Keegan