FRANCE CULTURE, Marie Richeux, lundi 10 juin 2013


« Pas la peine de crier »,

Souvenirs (1/5) : Instants de vie.
« Premier moment d’une semaine tissée autour du souvenir. Edna O’Brien, la grande dame des lettres irlandaises, publie ses mémoires en France chez Sabine Wespieser éditeur sous le titre Fille de la campagne, détournant joliment le titre de son premier roman censuré à sa parution en Irlande au début des années 60.
Voici le premier moment d’une semaine de plein souvenir, comme on dit de plain pied. Ce mot souvenir qui s’utilise aussi bien en français qu’en anglais et désigne aussi bien la Tour Eiffel en porte clé, l’apparition bouleversante d’une odeur de l’enfance, ou les contours retrouvés d’une image vieille comme le monde. La matière des souvenirs est-elle aisée à manier ? Sort-on indemne de la remontée du temps, à la seule force de son esprit, à la seule manivelle de son écriture ? Ce qui revient comme étant les moments forts d’une existence ont-ils été vécus comme tels ?
Est-ce possible de réécrire sa vie en choisissant l’ordre, l’intensité des couleurs, le nombre de pages pour ce jour-ci, le nombre de pages pour cette nuit-là ? La littérature est-elle l’espace idéal des réminiscences, des flottements, des fantômes ?
Ce sont certaines des questions, qui, une fois passée l’émotion de la lecture, agissent autour du livre d’Edna O’Brien, devenu livre au-delà de l’entreprise mémorielle. Fille de la campagne détourne joliment le titre de son premier roman censuré à sa parution en Irlande au début des années 60.
Fille de la campagne, ce sont les mémoires publiées par notre invitée Edna O’Brien chez Sabine Wespieser éditeur. Mémoires sur lesquels souffle un vent féminin, cavalier, un vent libre, irrévérencieux. Peuplé mais solitaire, ils sont un vent de falaise auquel il est bon de risquer se décoiffés.
Nous avons confié à Eve Dayre le soin de traduire les propos de Edna O’Brien. »

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