LA CROIX, Christophe Henning, jeudi 4 juillet 2024


Dans un roman bref et intime, Arièle Butaux raconte l’épreuve d’une sœur face au décès de son frère lourdement handicapé. Un texte poignant.

C’est une épreuve pour les parents. Lucas est lourdement handicapé. Mais dans la maison ébranlée, qui se soucie d’Aurore, la sœur cadette ? Chacun fait face au malheur sans trop en parler. À la naissance de l’enfant désiré, rien ne laissait prévoir un tel effondrement. Une photo de l’époque l’atteste : « Elle [la mère] est radieuse, s’émerveille du rire, de la beauté de son enfant. Ses mèches blondes dansent en couronne autour de sa tête. Marie, à vingt ans, aime la vie, passionnément. »

Presque quinze années ont passé. Il faut bien vivre, et même faire semblant que la vie va de l’avant : « Elle se tait pour ne pas devenir l’incarnation du drame qui ruine sa jeunesse. Elle se tait pour qu’on ne vienne pas opposer la raison à ses rêves. Elle a trente-trois ans et une vie à vivre. Avec l’enfant cloué au sol. Ou malgré lui. »

Louis et Suzanne, les grands-parents, volent au secours des parents. Ils s’occupent de Lucas durant la semaine, non sans sacrifices : « Ils ont renoncé à leurs balades à vélo, à leurs randonnées en amoureux, à leurs vacances en Panhard avec la tente dans la malle arrière, à la joie d’aller libres, le nez au vent. Ils ont renoncé à se surprendre, à projeter, à rêver. Ils ont renoncé à eux-mêmes. » Le week-end, toute la famille se penche sur Lucas, sans savoir ce qu’il perçoit, ce qu’il peut vouloir, aimer, désirer.

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