LA LETTRE DU LIBRAIRE, jeudi 7 septembre 2023

1966, l’année de naissance de Robert Seethaler, qui peint avec sa délicatesse habituelle la renaissance d’un pays qui vit toujours sous l’ombre du nazisme. Les décombres sont à chaque coin de Vienne, les cadavres sous chaque fleur, le sentiment de culpabilité partout mais aussi l’envie de revivre.

Robert Simon est l’homme à tout faire du marché des Carmélites jusqu’au jour ou il découvre que le café est à reprendre. Comme son pays, il avait vécu jusque-là au jour le jour, sans trop se demander de quoi sera composer l’avenir, s’il pourra le décider lui-même. Il hésite et puis se lance, pour lui, pour les commerçants du marché, pour les futurs clients à venir ? Finalement, Robert et les clients donnent de la vie à ce lieu – boucher, ouvrières, pasteur évangéliste, marchands, le peintre et la veuve, vieilles filles, orphelins de la guerre comme Robert. Sa seule exigence dans la vie : que le travail soit bien fait, la bière fraîche, les tables propres et les saucisses chaudes.

Le Café sans nom ressemble à ce pays où la vie se reconstruit tout doucement, sans faire de bruit, ni trop la fête (« tout ranger pour ne pas dire du mal du café ») car l’Histoire récente est trop lourde pour redresser la tête.

Lire l’article en ligne