LA VIE, Marie Chaudey, jeudi 14 mars 2019


« Christine de Mazières, entre Paris et Berlin »

« Nourrie aussi bien de Rilke que de Nerval, cette haute fonctionnaire brillante signe un premier roman sur le vertige de la chute du Mur. […]

La foule compacte, silencieuse et déterminée du 9 novembre qui converge vers le Mur, défiant armes et miradors, elle la décrit avec bonheur dans son roman Trois jours à Berlin : ces hommes et ces femmes que plus rien ne peut arrêter, prenant au mot un porte-parole officiel du Parti qui venait de déclarer imprudemment que chaque citoyen pourrait désormais quitter la RDA par les postes-frontières « dès maintenant, sans délai ». La peur qui s’efface, la brèche ouverte, l’Histoire en marche, Christine de Mazières en fait un récit choral, mêlant les voix de l’Est à celles de l’Ouest, sans oublier une petite Française en goguette. Au-dessus des humains, comme dans la poésie de Rilke ou le film de Wim Wenders Les Ailes du désir, plane Cassiel, l’ange des larmes et son éternelle mélancolie. […]

« L’important est d’acquérir une conscience européenne : la littérature peut beaucoup, elle est à mes yeux le principal mode d’accès à la connaissance et à la vie », affirme la grande lectrice qui dévore tout depuis l’enfance.

Unir plutôt que diviser, aiguiser la curiosité, faciliter les échanges : voilà le programme qui enthousiasme cette insatiable optimiste. Elle ne ferme pas les yeux sur tous les obstacles à une Europe plus solide, des tensions populistes aux tentations illibérales. Mais elle veut croire que les imaginatifs n’ont pas dit leur dernier mot. […] »