LA VIE, Marie-Lucile Kubacki, jeudi 10 janvier 2013


« Pour commencer en beauté l’année du bicentenaire de la naissance de Wagner, le Richard W. de Vincent Borel ne se lit pas, il s’écoute. De préférence par une après-midi d’hiver brumeuse et froide, comme les paysages de Bavière où le compositeur allemand commença sa carrière. En juin 1865, le Hoftheather de Munich est pris de fièvre quand résonnent les premières notes de Tristan et Isolde. Le jeune roi Louis II de Bavière s’abandonne au trouble causé par les élans voluptueux des interprètes. Il faut dire que pour évoquer la moiteur fébrile de ces scandaleuses amours celtes, Wagner est allé chercher ce qu’il avait de plus intime : sa passion pour la troublante Cosima, fille du très séducteur Liszt. Depuis quelque temps, il ne supporte plus sa femme, Minna, une actrice vénale et prévisible. Des barricades de Dresde de 1849 avec Bakounine aux conversations philosophiques avec Nietzsche, l’écrivain donne vie à un Wagner ombrageux et passionné, écartelé entre ses maîtresses et ses créanciers, obsédé par l’ambition de sa vie : créer un opéra populaire… Portrait d’un humain trop humain, Richard W. est aussi un grand roman philosophique et charnel, où la musique des phrases, obsédante et un peu folle, épouse le souffle impétueux de l’Histoire. »