L’ALSACE, Jacques Lindecker, vendredi 22 mars 2024


Aurore, sa cadette de deux ans, croit dur comme fer à la guérison de son frère Lucas, lourdement handicapé, quand il aura quinze ans. Les parents le lui ont promis. Mais…
Le récit pudique et bouleversant de la douleur et du chagrin d’une famille perdue dans le malheur.

Nous sommes dans les années 1970 et Aurore a toujours adoré Lucas, son frère aîné (de deux ans). Au début, c’était presque amusant, elle grandissait, maîtrisait de plus en plus de choses, tandis que Lucas stagnait, ils étaient comme jumeaux malgré leur différence d’âge. Et puis la situation de Lucas, lourdement handicapé, est devenue intenable pour les parents, les mettant à genoux.
[…]
À l’intérieur d’Aurore, le cratère – c’est le titre du sidérant et bouleversant roman aux accents autobiographiques d’Arièle Butaux – est béant. Comme une « amputation sans une goutte de sang. (…) Elle n’est plus tout à fait vivante, mais s’épuise à donner le change. » Elle est plongée dans un chagrin qui se doit d’être invisible, le silence envahit l’espace.
Chez eux, il y a dorénavant « quatre personnes très seules vivant sous le même toit. » Et, bientôt, le fracas de secrets jusque-là étouffés va ruiner encore un peu plus l’édifice.
Pourquoi ne fait-on pas grandir les enfants dans « la confiance et la sécurité », dans la vérité ?