- Livre : La Ballade d'Ali Baba
- Auteur : Catherine MAVRIKAKIS
- Article complet
- Revue de presse
LE MAGAZINE LITTÉRAIRE, WWW.MAGAZINE-LITTERAIRE.COM, Aliette Armel, lundi 18 août 2014
« Hommage au père disparu »
« Depuis la parution en France du Ciel de Bay City en 2009, puis des Derniers Jours de Smokey Nelson en 2012, la renommée d’écrivaine virtuose de Catherine Mavrikakis a dépassé le Québec.
Publié, cet automne 2014, conjointement chez ses éditeurs canadien (Héliotrope) et parisien (Sabine Wespieser), La Ballade d’Ali Baba est à la hauteur de cette réputation qui a valu à Catherine Mavrikakis de figurer, à deux reprises, sur la liste de sélection du Prix Femina.
Ce roman est emporté par le même souffle que les précédents. Il étend son territoire au-delà de l’Amérique, jusqu’à l’Afrique du Nord et l’Europe. Il explore avec une invention renouvelée les subtilités de la langue française […]. Soucieuse de légèreté et d’humour, Catherine Mavrikakis se décrit dans La Ballade d’Ali Baba comme la romancière à qui l’on reproche sans cesse de ne parler que de macchabées. Les morts hantent à nouveau ce livre, mais ils le font d’une manière beaucoup plus personnelle. Le spectre qui s’invite subitement dans la vie d’Erina, la narratrice, écrivaine et universitaire à Montréal comme Catherine Mavrikakis, est cette fois celui du père : un père hors du commun capable de traverser en deux jours l’Amérique, de Montréal à Key West, dans sa Buick Widcat turquoise, avec ses trois filles enfants, pour passer le réveillon devant l’océan, chimère magnifique, intensément impossible ; un père digne d’Ali Baba et de ses quarante voleurs, emporté par ses propres fictions, jouant son existence comme sur une scène de théâtre […] ; un père imprévisible capable de resurgir neuf mois après sa mort, en invoquant le spectre d’Hamlet et le temps désigné par Shakespeare comme hors de ses gonds.
Les courts chapitres reconstruisent la vie de cet homme d’origine grecque, parti à 6 ans de Rhodes vers Alger, puis, à 18 ans, du Havre vers New York. Ils rappellent les souvenirs saisissants qu’Erina garde des moments de son enfance emportés par la fantasque démesure paternelle. Ils tissent le fil de leurs ultimes rencontres post-mortem jusqu’à l’équipée finale, empruntant le même itinéraire et menée avec la même précipitation que l’expédition dans la Buick Widcat turquoise en 1968. »