- Livre : L'Agrafe
- Auteur : Maryline DESBIOLLES
- Revue de presse
LE NOUVELLISTE (Haïti), Marc Sony Ricot, jeudi 25 septembre 2024
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« L’Agrafe » de Maryline Desbiolles, les cicatrices de l’histoire
Le dernier roman de Maryline Desbiolles est haletant. C’est un livre de mouvement, de voyage, de parole, de mémoire et d’horizons divers. Comment évoquer la mémoire ? Que faire quand on fait face aux cicatrices de l’histoire ?
L’Agrafe de Maryline Desbiolles évoque les cicatrices de l’histoire. L’auteure donne la voix à ceux et celles qui n’en ont pas. Ce qui est réjouissant, c’est la musique des phrases. Le rythme qui va avec. Comment les phrases nous transportent dans la vie de ce personnage qui a connu le malheur ? Le malheur d’aujourd’hui et le malheur du passé ? Comment vivre en dehors de sa propre histoire ? C’est un grand roman. Pour ce qu’il évoque, pour le style, pour l’intelligence de la narration.
Entre les lignes du prix littéraire Le Monde 2024, l’identité, la politique, le racisme, la mémoire traversent les lignes. L’héroïne, Emma Fulconis, vit dans le sud de la France. C’est une petite fille gaie et pleine de vie, qui adore courir. Courir pour aller à l’école, au coin, partout elle court. Comme si la vie était une course. Pourquoi courir ? Cet exercice peut-il nous aider à nous échapper de l’histoire ou de la fuir ? Elle vit dans le sud de la France. Mais un jour, l’un de ses copains l’invite chez lui, un énorme chien se jette sur elle et la rend infirme à vie. Ce chien appartient au père de son ami, qui, au lieu de montrer de la compassion, se contente de dire : « Mon chien n’aime pas les Arabes». Emma Fulconis va découvrir l’histoire de sa famille. Elle est la petite fille d’une famille de Harkie réfugiée en France après la guerre d’Algérie (1954-1962). L’Agrafe est une métaphore pour dire les blessures de la guerre et les problèmes d’identité.
L’héroïne est vraiment forte et courageuse. Elle ne parle pas à sa mère de la phrase du père de son ami parce qu’elle a de la peine pour sa mère. Elle la porte en elle. Ce roman est un miroir. Un miroir pour regarder les cicatrices de l’histoire des Harkis. Un miroir pour regarder cette fenêtre ouverte sur la guerre d’Algérie.