LE PAVILLON DE LA LITTÉRATURE, Apolline Elter, jeudi 2 mai 2024


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Le malheur de Marie, celui de Paul, son mari, d’Aurore et Valentin, leurs enfants, c’est de taire la détresse, la souffrance qu’engendre le profond handicap de Lucas, l’aîné de la fratrie. Un enfant qui ne peut se mouvoir ni parler, à peine peut-il déglutir.

Le malheur de cette famille, c’est le tabou instauré au sujet de Lucas, qui isole chacun, sous prétexte de se préserver mutuellement – même le mot « handicapé » est proscrit

« Marie a demandé à Aurore de ne pas parler de Lucas. Si elles savaient, certaines personnes stupides et méchantes pourraient la tenir à l’écart. Mais sur le questionnaire de début d’année, juste sous la profession des parents, Aurore n’a pu se résoudre à escamoter Lucas. Nombre de frères et sœurs : deux. »

Alors Lucas est pris en charge par Suzanne, l’autoritaire maman de Marie, Louis, son mari et la famille le retrouve, chaque week-end à Cherbourg pour lui manifester sa réelle tendresse: Paul est « dévasté » d’amour, Marie aussi, qui l’exprime plus sobrement. Aurore sait s’y prendre avec ce frère ainé, avec lequel elle a grandi en fusion et dont elle espère –  ses parents le lui ont promis – qu’il sera guéri une fois atteint l’âge de quinze ans. Quant à Valentin, le petit frère, il observe son aîné avec retenue : il est né après la soustraction de Lucas à sa famille, n’a jamais cohabité avec ce dernier.

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