LE PETIT BULLETIN, Sébastien Broquet, Le Web des spectacles, mercredi 21 septembre et 5 octobre 2016


« Fraternels, ce jouissif roman de Vincent Borel. »

« De Vincent Borel, l’on connaît sa brûlante passion pour l’opéra qu’il dissèque régulièrement au sein d’Opéra Magazine. Peut-être bien que cette proximité avec les plus grandes voix […] lui a donné le sens de l’harmonie parfois grandiloquente que l’on décèle dans son écriture. Le beat, celui qui fait pulser ses phrases et nous colle frénétiquement aux pages les recueillant, il l’aura plutôt emprunté lors de ses années en rave partys, qu’il chroniquait alors du côté du magazine Actuel, dont il fut un ardent journaliste, avant de devenir rédacteur en chef de Novamag […]. Un tempo soutenu tout au long de son premier roman, Un Ruban noir, paru en 1996 et qui fut la première fiction française à explorer ce monde obscur et stroboscopé de la techno. Baptiste le plongea quelques années plus tard, en 2002, dans la vie de Jean-Baptiste Lully : joyeuse lecture. Antoine et Isabelle en 2010 lui fit passer un cap : dans la maîtrise romanesque, dans la notoriété aussi puisqu’on le retrouva sur la première liste du Goncourt.

Vincent Borel s’arrête à la librairie Passages muni d’un huitième roman, Fraternels, petit bijou légèrement science-fictionnesque contant les frasques de François-Joseph de la Fistinière, fils de bonne famille provoquant un branle-bas de combat général pour stopper l’hémorragie virtuelle causée par une virale vidéo un rien dérangeante et vulgaire risquant de mettre à terre sa bonne réputation : monsieur a pissé sur la flamme de la Résistance.

L’on cause alors Ifon, ZAD et gay pride. L’on observe une multinationale tentaculaire à l’œuvre, façon Silicon Valley. L’on croise les rejetés de ce monde qui se rebellent. Une rave, encore. Des gens en colère, des types en quête de bonheur. Qui le trouvent. L’on parle d’utopie, mais surtout d’un grand roman qui jamais ne se regarde le nombril : l’on parle d’un livre où l’auteur disparait au profit de l’imagination. De la joie de l’écriture, aussi. D’un livre bienveillant, qui pense à l’Autre, qui tend la main à son lecteur, à ses lecteurs, à tous. Il faut lire Fraternels, parce que l’utopie, ça compte encore. Et que c’est très actuel, finalement. »