LE SOIR (Belgique), Pierre Maury, samedi 19 octobre 2024


En trois volets et un épilogue, Edna O’Brien, morte en juillet à 93 ans, donne vie et voix à deux jeunes Irlan­daises dont on peut supposer qu’elles sont des doubles d’elle-même jusque dans leurs contradictions : Country Girls rassemble Les filles de la cam­pagne, Seule et La félicité conjugale, ro­mans parus de 1960 à 1964.
On est là à l’origine de ce qui a construit la romancière dès l’enfance. Pour Caithleen, elle s’achève à quatorze ans, à la mort de sa mère. Son père, qui boit et dépense avec largesse l’argent qu’il ne possède pas, n’est pas un pilier très solide pour la suite. Sinon qu’il est conduit, en bon Irlandais catholique, par les principes d’une religion qui régit chaque instant de la vie. Même les transgressions sont aussi une manière d’en tenir compte. […]

Tout l’art de la romancière, dont l’existence n’a guère ressemblé à un mo­ dèle de vertu, consiste à jouer sur le dé­ calage entre les lois catholiques et les désirs naturels. Edna O’Brien avait fait le choix des seconds dans sa vie et c’est ce qu’elle transpose ici à petites touches, desserrant progressivement les chaînes qui réduisent la liberté, sans oublier ce­ pendant que l’indépendance entrevue dans un changement de statut peut conduire dans un autre genre de piège. […]

Le parcours est semé d’embûches. Les deux femmes négocient cependant les virages les plus dangereux de leur exis­tence avec une volonté qui force l’admi­ration.

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