LE TEMPS, Eléonore Sulser, samedi 28 février 2015


« Mémoires d’eaux »

« Le fil de la mémoire est le point commun de plusieurs livres qui peuplent ce numéro du Cahier Livres. […] Michèle Lesbre, elle, vagabonde par les Chemins, dans la quête d’un père perdu qu’elle recherche dans d’anciens lieux. […]

La mémoire est cœur de la littérature. C’est un de ses moteurs les plus puissants. […]

La mémoire et l’écriture, deux écoulements. Au moins trois de ces livres en quête de passé lient la mémoire et l’eau. […] Michèle Lesbre enfin, plus discrètement peut-être, mais avec obstination, suit des cours d’eau plus sages, des lieux d’écluses, de rendez-vous et de lenteur : c’est à bord d’une péniche qu’elle chemine vers ses souvenirs.

La métaphore de l’eau est d’une puissance étonnante lorsqu’il s’agit de la mémoire et de l’écriture. L’eau raconte à la fois une pérennité et un changement perpétuel. Elle dit aussi le fil narratif, inlassable, qui se dévide, patient, creusant le sens, délivrant ses récits. Elle dit enfin l’ubiquité de l’auteur, des personnages, celle du lecteur aussi qui face au fleuve de mots demeure à la fois immobile et se trouve transformé. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, disait Héraclite. La rivière, comme la mémoire et le livre, est un palimpseste, qui réécrit, d’instant en instant, l’histoire de nos vies. »