Librairie Gallimard (Montréal), janvier 2025


Toujours chez l’irlandaise Jan Carson, les fractures sociales définitives qui ravagent le tissus social de Belfast et des zones environnantes trouvent une expression littéraire fantastiquement sobre et juste. Sont examinées avec la véhémence de l’observatrice empathique les conséquences marquées d’un colonialisme intérieur qui a compliqué jusqu’à l’extrême le vivre-ensemble en Grande-Bretagne. « Le fantôme de la banquette arrière » est un recueil de nouvelles qui fait bon lire en ces temps de polarisation, de tempête sociale et de désœuvrement collectif. L’alliance d’une sagacité non tonitruante et d’une fantaisie qui relève davantage du plausible que de l’inouï confirme le talent inébranlable de Jan Carson, qui fait de la littérature sociologique sans condescendance et sans évacuer l’étrangeté interpersonnelle.