LIRE, Christine Ferniot, juin 2014


« Le prix à payer »

« Fiction, réalité, légendes ou documents, Fiona Kidman adore malaxer le tout pour écrire de somptueux romans d’aventures. […]

Le Livre des secrets, publié aujourd’hui, fut écrit dans les années 1980 puis édité en 1987 en Nouvelle-Zélande. Il est devenu une œuvre de référence, primée et célébrée dans les pays anglo-saxons. Là encore, Fiona Kidman brasse le vrai et l’imaginaire avec un immense talent de conteuse. Le roman débute en 1953 en compagnie de Maria qui vit seule dans une vieille baraque depuis cinquante ans. Parfois des enfants viennent dans les parages, brisant des vitres et murmurant à son sujet. Pour tous, Maria est une sorcière. Au fils des souvenirs et des retours vers un passé plus lointain, se dessine une communauté dominée par un homme, une sorte de prêtre répondant au nom de Norman McLeod. Du temps de la grand-mère de Maria, Isabella, l’orgueilleux et charismatique McLeod était encore en Écosse. C’est lui qui va entraîner un groupe de disciples à travers le monde, jusqu’en Nouvelle-Zélande. Si cet homme étrange a bien existé, Fiona Kidman choisit d’inventer la plupart des personnages qui l’accompagnent. Départs sur des rafiots en mauvais état, vies de misère avant de repartir plus loin, ces émigrants ont la peau dure et un courage infini. Dans ces familles, les femmes n’ont pas la parole, elles doivent travailler, faire des enfants qui meurent comme des mouches et ne pas paraître séduisantes. Cependant, quelques-unes se dressent contre l’autoritarisme religieux et social des dominants. C’est le cas d’Isabella et de sa petite-fille Maria qui vont refuser de se soumettre.

Fiona Kidman nous emporte dans ces mondes d’océans tumultueux et de campagnes putrides où seuls les plus indociles parviennent à se sauver. Mais c’est au prix de la solitude, avec pour seuls visiteurs une bande de gamins rêvant de faire peur à celle qu’on appelle la sorcière de Waipu. »