LIRE, Marie Jouvin, octobre 2024


Après Les Lanceurs de feu et Les Ravissements, Jan Carson dévoile son talent indéniable pour la nouvelle en jouant, comme à son habitude, avec les frontières du réel.
Seize histoires, toujours ciselées avec beaucoup de finesse, se succèdent dans Le Fantôme de la banquette arrière, esquissant des regards appuyés et diversifiés sur sa terre natale, l’Irlande du Nord. Difficile de ne pas être titillé par ce fantôme, un catholique qui n’apparaît qu’à la jeune Ruth tout en s’enflammant au rythme de Rhinestone Cowboy. Impossible également, de ne pas être intrigué par la quête effrénée d’un père pour retrouver ses deux enfants disparus mystérieusement dans un toboggan, ce père étant convaincu qu’il aurait fallu rester à Londres, car « le Nord est peuplé de briseurs de règlements ».
De Belfast aux terres émeraudes environnantes, l’autrice explore les stigmates des affrontements entre catholiques et protestants, et travaille ce lien tenu entre légendes et réalité, fascinant, au fil de ses publications par sa capacité à faire de ces deux pans une identité hybride.

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