MARIANNE, Alexis Liebaert, samedi 6 avril 2013


« Edna O’Brien, la grande dame sauvage »

« Toute sa vie, elle s’est battue pour arriver à exister comme écrivain dans une Irlande fermée, pétrie de traditions et dominée par les hommes. Aujourd’hui, elle livre ses mémoires : Fille de la campagne. […]
Si les années écoulées n’ont pas réussi à altérer sa beauté, elles ont amené une certaine distance qui lui a permis de se réconcilier avec son pays. Que de combats, pourtant, pour se faire accepter de ses compatriotes sans jamais se soumettre. […]
Heureusement, il y avait le Londres des années 60, ce Swinging London où, romancière en vogue, elle fréquente le ban et l’arrière-ban de ceux que l’on n’appelait pas encore les people. […] Mais la fréquentation des beautiful ne remplit pas une vie. Il y a bien sûr ses livres, toujours aussi coruscants, qui brisent les tabous, évoquent ouvertement la sexualité féminine et le combat sans cesse recommencé pour l’égalité dans une Irlande qui peine à se libérer du joug d’une Église particulièrement rétrograde. Mais, au-delà, il y a ce besoin d’absolu qui la poussera à des expériences qui la font aujourd’hui frémir, telle la prise de LSD avec l’antipsychiatre Donald Laing. Rien de surprenant, explique-t-elle, il y a deux personnes en moi : la rebelle qui se bat contre l’injustice et l’hypocrisie, ose tout, et celle qui a peur de la violence du monde. Alors, pour les concilier et sauvegarder ma santé mentale, j’écris. »