- Livre : À travers les champs bleus
- Auteur : Claire KEEGAN
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- Revue de presse
PAGE DES LIBRAIRES, Catherine Le Duff (Librairie Livres in room à Saint-Pol de Léon), octobre-novembre 2012
« De l’Irlande et des hommes »
« Après son bref roman Les Trois Lumières, Claire Keegan renoue avec la nouvelle et nous livre un recueil dévastateur, ancré dans son pays natal et la campagne qu’elle affectionne, dans des vies d’hommes et de femmes anonymes, presque anodins. Elle réussit le tour de force de nous les rendre proches. Et de nous les faire aimer.
L’Irlande de Claire Keegan est d’abord et à jamais celle de nos livres d’images et de nos inconscients : boisée, sauvage et empreinte de mystère, elle ne se donne à voir qu’avec pudeur et parcimonie, entre des lumières de feu et la rumeur de l’eau. D’une beauté insolente et intime, les saisons défilent et contemplent les existences qui s’y entrechoquent. Car au centre de ces terres presque encore vierges, on découvre des personnages meurtris par la vie, qui ne se dévoilent guère avant de se briser.
En renouant avec la nouvelle, c’est cette fois les hommes, nos hommes et leurs cœurs, que l’auteur s’emploie à sonder. Qu’ils soient pères, maris, amants, tous sont fiers, orgueilleux. Pourtant, derrière leur dignité se cache un passé lourd, comme une brume matinale en hiver. Ils dissimulent leurs failles, jusqu’à ce qu’elles les trahissent. […]
Si de ces destinées tragiques souvent surgit l’espoir, c’est que Claire Keegan sait nous toucher au plus profond, avec les mots, les phrases les plus simples. Elle manie avec élégance le quotidien, et l’émotion surgit, les gorges se serrent sans crier gare. Les existences qu’elle s’attache à peindre sont marquées du sceau des amours impossibles, des relations interdites, de la force des traditions. L’Irlande en est le théâtre naturel, mais impossible de les y restreindre tant ces hommes et ces femmes portent en eux l’universel. Ils deviennent nôtres, transfigurés par la grâce de sa langue. Entre les lignes de ces champs peut-être bleus, laissez-vous conter leurs vies, elles sont aussi un peu la vôtre. »