SUD-OUEST DIMANCHE, Isabelle de Montvert-Chaussy, dimanche 4 janvier 2015


« La douleur céleste du corset »

« Roman de mœurs et triangle amoureux à la Belle Époque.

Amours, petite musique tranquille, douceur surannée… L’écriture est mélodieuse, on entend le frissonnement des corps, la plainte du lit de fer, le frôlement des draps, le crissement des cheveux tordus.

Une résonnance étrange dans cette maison bourgeoise des bords du Cher où tout se tait, surtout l’essentiel. Sous l’apparence d’un de ces romans désuets de la Belle Époque, Léonor de Récondo trace une délinéation magique des sentiments. C’est sa signature. La trajectoire des émotions, elle la piste sur les pas de ses personnages, depuis La Grâce du cyprès blanc jusqu’à ce très beau Pietra viva. Avec ces vibrations, cette musicalité qu’elle doit, forcément, à son métier de violoniste baroque.

Anselme de Boisvaillant pratique la saillie ancillaire pour oublier la froideur de son épouse, Victoire, bernée par un mariage arrangé… Céleste, victime de ces rancœurs conjugales, oublie le dégoût des ébats en rêvant à ses cavalcades d’enfant en forêt. Elle ravive l’odeur de la résine et de la terre mouillée, referme son cœur, rabat ses draps et garde la tête haute. Malgré l’enfant qui vient. Dont Victoire a décidé qu’il serait le sien pour punir Anselme qui n’a pas su la faire aimer. Mais le corps de Victoire n’a pas cessé de vibrer, son désir de chair passe du petit Adrien dont elle a fait son fils à la peau laiteuse de Céleste. Peu à peu, la douceur exploratoire des approches candides laisse place à une passion peu sage. […] »