TÉLÉRAMA, Marine Landrot, mercredi 18 septembre 2024

En Irlande du Nord, vous aurez beau écrire tous les romans que vous voulez, même les plus copieux, les plus aboutis, vos compatriotes feront toujours la fine bouche et pianoteront des cinq doigts sur la couverture de vos chefs-d’œuvre en disant « OK, c’est pas mal, mais où sont tes histoires courtes ? ». L’anecdote fut racontée l’an dernier à Télérama par Jan Carson elle-même, rencontreée alors que nous chantions les louanges de ses deux seuls livres traduits en français, Les Lanceurs de feu et Les Ravissements.

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L’admirable recueil qui nous arrive crépite d’intelligence et de fantaisie. Les adeptes de Jan Carson reconnaîtront ses thèmes de prédilection : les paroissiens protestants refoulant la tentation des sciences occultes, les morts visitant les vivants dans la banalité du quotidien, les petites filles lucides et décalées, les bébés parachutés au bord du gouffre, les pères asphyxiés par les émotions rentrées… Le tout porté par une écriture de haute voltige, étincelante de trouvailles, imprévisible dans la drôlerie comme dans l’épouvante, ancrée dans la réalité politique et sociologique de l’Irlande du Nord, mais aussi traversée de féerie mordante.

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