WWW.ENCRES-VAGABONDES.COM, Dominique Baillon-Lalande, lundi 5 septembre


« […] Catherine Mavrikakis, dans cette fable apocalyptique, dessine un enfer qui est d’autant plus effrayant qu’il n’est qu’une projection caricaturale de notre présent poussé à l’extrême.

La critique est féroce mais, si le tableau cauchemardesque est a priori désespéré, on y trouve néanmoins quelques échappées grâce à des personnages hors normes.

Oscar tout d’abord, qui pourrait n’être qu’un être superficiel, symbole du succès et de la fortune positionné en opposition aux gueux, dont l’auteur fait un être fragile, construit sur un passé douloureux, qui se transforme au fil des pages en incarnation obstinée de l’amour des arts, de la culture et de l’Histoire, présentés comme valeurs suprêmes, à la fois refuge et viatique face à la  barbarie.

Cela nous vaut une pléiade de citations littéraires dont certaines (traduites) dans leur langue originale et de nombreuses références cinématographiques, philosophiques, plastiques ou architecturales, toujours percutantes et parfaitement choisies.

Face au héros en habit de lumière, le clan des sans-rien ne fait pas pâle figure. Par la force de leur solidarité, grâce à cette énergie extraordinaire qu’ils déploient pour leur cause sous la houlette de la merveilleuse Cate et du vieil Adrian dans le rôle du sage, ils raflent la mise dans la deuxième partie du roman.

Et étonnamment, le refus et la résistance à l’ordre établi, le choix partagé de privilégier l’idée, le sens, le savoir et l’humain au pouvoir et à l’argent, réunissent la star et les rebelles dans une communauté du « Bien », entrouvrant une porte sur l’espoir.
Fable philosophique mais aussi alerte et exhortation à la lutte, cet étrange roman au scénario qui sait ménager ses effets, jouer du rebondissement, de la surprise et du suspense comme un polar,  échappe à toute classification.

Il est tout simplement brûlant, fascinant et passionnant. »