WWW.LELITTAIRE.COM, Jean-Paul Gavard-Perret, jeudi 18 janvier 2018


« Loin de la plage »

« Yanick Lahens res­ti­tue la fièvre d’Haïti. Celle qui colle au corps là où la beauté semble la fille aînée de la colère, de la peur, des forces torrentielles du désar­roi. En dépit des dan­gers quo­ti­diens, de la poli­tique dou­teuse, des vio­lences mul­tiples quelque chose tient. Et ce, même si, à mesure que le pays évo­lue, les espoirs semblent dis­pa­raître.
Haïti ne s’est pas relevé de son séisme et Port-au-Prince semble un « corps aimé qui s’éloigne. Nous sommes des amants sépa­rés », dit un héros du livre. Mais la roman­cière, entre réa­lisme sans faille et poé­sie, retient la musique de vie entê­tante qui demeure même si le titre est expli­cite. Et n’invite pas aux len­de­mains qui chantent forcément.
Tendre reste néan­moins la nuit car, effa­çant bien des stig­mates elle per­met une sorte d’apaisement au sein de cette forme de polar urbain et même si le livre est bien plus que cela. Comme dans son La Cou­leur de l’aube, Yanick Lahens offre un nou­veau chant d’amour à son pays. Y errent ou avancent des sil­houettes par­fois inquié­tantes pous­sées au crime par la misère.
Mais cha­cun demeure capable de mar­cher encore et encore sur « des kilo­mètres de brume et de tes­sons » pour ten­ter de retrou­ver le para­dis perdu sous un impla­cable présent. »