ZIBELINE, WWW.JOURNALZIBELINE.FR, Chris Bourgue, lundi 8 avril 2013


« Arrêt sur images »

« Le dernier livre de Michèle Lesbre commence par un drame : à la station de métro un vieil homme, anonyme et fugace, sourit à la narratrice puis se jette sous le métro qui arrive. Celle-ci, au lieu de se rendre à la gare, part alors à la dérive dans les rues de Paris. Pourtant son amant l’attend à l’hôtel des Embruns, au bord de la mer où ils se retrouvent régulièrement. Une nuit de déambulation, de doutes, entrecoupée des fulgurances de souvenirs d’enfance ou d’amours passées, commence pour elle qui nous entraîne à sa suite. Dans un bar argentin elle danse le tango aux sons voluptueux du bandonéon, boit un café au petit matin et se perd sous l’orage dans les rues. C’est à son amant qu’elle s’adresse, comme une répétition de ce qu’elle lui dira, peut-être, le lendemain au téléphone. Lui l’a attendue en vain à la gare, s’est endormi. Soucieux ou fâché ? Elle sait que sa défection peut provoquer un virage dans leur relation ; cependant elle ne peut agir autrement. L’accident la met dans une situation de suspension et de turbulences, provoquant une épreuve qu’elle qualifie de salutaire ou fatale. On retrouve dans ce court roman la voix et le rythme de Michèle Lesbre qui nous font naviguer entre passé et présent, traçant à l’aquarelle paysages et personnages sur les bords de mer ou l’Italie, évoquant des photographies, notamment celles de l’amant photographe qui préfère les images aux mots qu’il ne trouve pas toujours à la hauteur. »