« Beaucoup de prêtres, dans mon pays, ont cessé d’exhorter les pauvres et ceux qui n’ont ni droits ni pain ni dignité à subir leur sort avec patience en attendant les compensations de l’au-delà. Mais au contraire ils ont appris d’eux la révolte et ont partagé cette révolte. Savez-vous, mes frères moines, vous qui vivez dans la discipline, l’obéissance, l’humilité, la patience, savez-vous ce que c’est que la révolte ? Savez-vous que ces vertus qui sont votre force et votre paix peuvent paraître là-bas des luxes, parce que la seule voie laissée libre à l’esprit est celle de l’insurrection ? J’étais parmi ces prêtres, et nous avons été arrêtés et torturés par ceux qui prétendaient défendre les valeurs de la chrétienté. »

Prêtre rebelle d’Amérique latine, Joachim fait scandale durant le prêche dominical, dans le monastère de la côte bretonne où il est réfugié. Il avoue avoir perdu la foi. Victime du « perchoir du perroquet », technique de torture consistant à pendre le supplicié, nu, la tête en bas, il en est venu à haïr le pouvoir rédempteur de la souffrance. Pendant la journée qui suivra, ni le paysage paisible et ordonné dans lequel il rêve de se fondre, ni la teneur inattendue de sa conversation avec le père abbé, ne le dissuaderont de s’approcher de la falaise.

Grand Prix du roman de la Société des gens de lettres, ce deuxième roman de Michel Rio, qui l’a fait connaître dans le monde entier, est une promenade au bord de l’abîme, saisissante méditation métaphysique sur la cruauté de la mémoire.