• Parution : Mars 2022
  • Roman traduit de l'anglais (Irlande) par Mona de Pracontal
  • Titre original : We Are Not in the World
  • Ouvrage traduit avec le soutien du Centre national du livre
  • N° d’éditeur : 205
  • Disponible en librairie au prix de 22 €, 296 p.
  • ISBN : 978-2-84805-444-5

  • Extrait
  • Revue de presse

Personne ne nous verra

Conor O'CALLAGHAN


En rupture de ban après une histoire d’amour malheureuse, le narrateur, Paddy, a accepté de convoyer un poids lourd vers le Sud de la France. Dans la cale du ferry, au moment où, à Calais, s’abat la porte de déchargement, l’homme, supposé voyager seul, échange des bribes de conversation avec une silhouette dissimulée derrière le rideau tiré de la cabine : la vingtaine, l’aspect rebelle et négligé, la passagère clandestine n’est autre que sa fille.

Pendant la semaine que doit durer leur équipée, ils reprennent un dialogue interrompu, convoquant dans une langue bien à eux leurs souvenirs : l’enfance heureuse de Kitty aux États-Unis, quand ses parents vivaient encore ensemble, leurs vacances en Irlande, ses visites à son père reparti seul en Angleterre… Mais tous deux évitent soigneusement d’aborder « la chose, sa chose, dont nous ne parlons jamais », épisode douloureux survenu dans la vie de la jeune fille.

Au fil des étapes marquant leur huis-clos, un voile d’étrangeté semble troubler les repères de cet hypnotisant road-movie : que penser de Kitty se glissant furtivement hors du camion dans la chaleur de l’été 2015, vêtue du manteau de vison de sa grand-mère ? Et de l’ombre de celle-ci, s’invitant à bord comme pour aviver l’obsession du narrateur pour sa maison d’enfance perdue ?

La dérive de ces figures hantées, flottant entre passé et présent, est ponctuée par d’incessants messages éclairant l’écran du téléphone de Paddy, sortes de balises destinées à l’ancrer dans le réel : ceux de son frère, mais aussi ceux d’un interlocuteur mystérieusement lié à la violente rupture amoureuse qu’il vient de vivre.

Poétique, syncopée, d’une grande modernité, l’écriture de Conor O’Callaghan nous entraîne dans l’envoûtant sillage d’un chagrin qui ne dit pas son nom.

 

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